À Beauquesne pour l’exposition « à fleur de peau » dans le cadre de l’opération « à cour ouverte » de Printemps #4


Comment constituer une exposition en croisant des regards, des émotions…
Il nous a semblé intéressant, en partant de ce titre « A fleur de peau », de travailler avec des travaux en devenir.
Chaque artiste possède, dans son atelier, son disque dur, sa mémoire, des bribes d’un projet inabouti. Parfois depuis longtemps ou plus récemment. L’exposition sera peut-être un déclic permettant de mettre en relation des essais, des fragments, etc… et ainsi de donner vie et sens à des éléments disparates. C’est un noyau fragile auquel va devoir se confronter l’artiste afin de le conforter sans le rigidifier et d’en garder toute sa poésie, sa force brute. Un sacré challenge qui tient de l’équilibre instable.
Nous avons fait un choix limité de propositions, avec des petits formats, afin de permettre aux visiteurs d’avoir une relation intime avec chaque œuvre. Il faudra s’en approcher au plus près, prendre le temps de la contemplation pour se laisser transporter, émouvoir…
Culture à la ferme poursuit son engagement avec les arts plastiques en s’inscrivant dans une nouvelle proposition en attendant « Opération à Cour ouverte n°17 » en septembre 2024…



À même la peau…
Ainsi annotées, E.A.*(Epreuve d’Artiste), ces deux séries (en diptyque et triptyque) sont très référencées dans leur contenu, mais témoignent d’une relation étroite avec la chauve-souris.
Nous y sommes ! Puisque déployée, l’aile, la main-aile avec sa membrane de peau (le patagium) permet une meilleure portance pour accéder au plus loin, mais permet aussi de servir de filet pour capturer les insectes, sinon les hommes.
Cette première composition en triptyque, Tierstück, dédicace à D., conjugue les références car, à la Renaissance, Dürer invente le Tierstück, littéralement « pièce d’animal », dans lequel il rend compte de la beauté d’un mammifère ou d’un oiseau.
Comme dans la petite aquarelle et encre de 1522 de Dürer, l’estampe en polyptyque offre, ailes déployées, une chauve-souris gigantesque, oubliant la Pipistrelle, et nous happe dans une peau ouverte aux zoonoses, portées selon toute vraisemblance par une roussette à Covid-19.
* E.A. ou A.P. (Artist Proof) ou encore H.C. (Hors Commerce) : les E.A. sont destinées au graveur pour l’échange, le cadeau ; elles représentent environ 10 % du tirage total et peuvent être numérotées (et dans ce cas en chiffres romains). Enfin, les épreuves d’artiste font partie intégrante du processus créatif car il peut s’agir d’une version qui diffère de la gravure finale.
La seconde gravure, Entre les 2, dédicace à R et R, joue une nouvelle fois avec les références et met en relation une partie de la gravure « L’ange disparaît devant la famille de Tobit » de Rembrandt 1 et un dessin préparatoire de Raphaël 2, « Étude pour la dispute du Saint Sacrement ».
Un chemin lumineux, lien entre ciel et terre, avec un premier tirage « La peau de l’autre ».
En contre-épreuve, un gaufrage de chauves-souris roses en cocon de nuit suspendues devant l’aspiration céleste. Ainsi va la vie dans ce passage du clair|obscur quand la lumière fait rage, quand de la cécité on recouvre la vue pour d’autres aspirations.
1 REMBRANDT HARMENSZOON VAN RIJN DIT REMBRANDT (LEYDE, 1606 – AMSTERDAM, 1669)
Eau forte et pointe sèche 0,103 x 0,154 m
2 RAFFAELLO SANZIO DIT RAPHAËL (URBINO, 1483 – ROME, 1520)
Plume, encre brune, sur premier tracé à la pointe de plomb, traits de stylet, pierre noire pour le croquis 0,398 x 0,250 m
Moïse Lefebvre – Fillion | avril 2024 Opération à cour ouverte de printemps # 4
ORGANISÉE PAR CULTURE À LA FERME
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